Poussé dans mes derniers retranchements par Kinekelly qui tenait à me mettre au tricot je me suis dit qu'il était
temps que je réagisse et que je montre que je n'ai pas les deux mains dans les mêmes mitaines. Et quand Banc moussu dit..Christian prouve..
L'histoire commence par l'achat d'un tabouret de pieds ou plutôt d'un double tabouret de pieds sur une brocante.
Cette histoire se passe en un temps pas si lointain où Gustave III de Suède n'avait pas encore pris en mains le relookage de la déco Française et où les
décorateurs faisaient les couvertures de magazines avec des intérieurs chargés de couleurs, de Damassés, de brochés et de tapis au point. Devant la nécessité de procéder au recouvrement de mon
petit tabouret j'ai naturellement fouiné chez tous les créateurs et éditeurs de tissus pour finir bien sûr chez Braquenié qui était à ce moment à l'emplacement de l'actuel Merci sur le boulevard
Beaumarchais. La rencontre en ces lieux avec une passionnée de tapisserie fut décisive...
Me voilà donc embarqué dans une nouvelle aventure: Le point de Saint Cyr!....Croyez moi je plains depuis les jeunes orphelines désargentées de la noblesse à qui Madame de Maintenon s'était
mise en tête de le leur apprendre dans son institution.
C'est en effet Madame Scarron devenue Madame de Maintenon épouse de Louis le grand qui demanda à Louis XIV de financer cette école qui après un temps à Choisy le roi fut installée à Saint Cyr
petit village près de Versailles
Comme pour chaque nouvelle technique à découvrir mon univers se retrouva vite envahi d'ouvrages explicatifs.
Pour vite me rendre compte que beaucoup d'hommes avant moi avaient expérimenté cet art jusqu'à en faire des ouvrages.
Les peintres ont d'ailleurs toujours été attirés par cette technique.
Au XVIIIème siècle: Jean Pillement, aquarelliste, paysagiste et graveur ou Jean Baptiste Oudry, peintre et graveur qui assura la direction de la manufacture de Beauvais ainsi que la surinspection
des gobelins et jusqu'au XXème siècle ou Jean Picard Le Doux et Jean Lurçat expérimentèrent également la tapisserie.
Muni de mes aiguilles à bout rond et de mes multiples écheveaux qui préféraient manifestement s'emméler que me faciliter la tâche je me suis donc lancé pour me rendre rapidement compte qu'il
fallait un nombre incalculable d'heures pour remplir ces milliers de petits trous et comme en plus je suis perfectionniste je tenais à respecter la rêgle de l'envers qui doit être aussi beau que
l'endroit...
C'est en effet ce qui distingue le petit point de Saint Cyr des autres: son envers apparait comme un cannage de ce fait sa résistance en fait le point idéal pour les dessus de sièges.
Entre temps après avoir usé de nombreuses paires de lunettes et dépensé une fortune en tisanes apaisantes j'ai relevé la tête pour me rendre compte que la mode avait changé et que finalement mon
petit tabouret s'en trouverait très bien d'une petite couverture unie en lin ou chanvre.
Ma tapisserie déjà bien avancée a donc regagné le placard aux ouvrages perdus dont elle ne ressortira probablement jamais. Une belle expérience cependant car pour en parler il fallait connaître
et je peux vous certifier que j'apprécie dorénavant à leur juste valeur les sièges tapissés que je croise au musée Carnavalet ou ailleurs.
J'ai aussitôt sans regrets ni remords laissé mes aiguilles à d'autres plus patients et repris mes pinceaux. Je pense que j'ai définitivement besoin d'avoir les mains dans la pâte ou la
peinture.......
A bientôt.
Christian.
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